Sur un fond de reproduction sociale à tendance couperosée, la jeune femme raconte l’alcoolisme des ivrognes de sa famille et leurs rapports avec l’alcool.
Son père travaille dur à l’usine, c’est un ouvrier qui fait bien son travail. Il boit le soir et hausse les épaules devant les remontrances de sa femme. Il prévoit de descendre d’une traite une bouteille de vodka pour le passage à l’an 2000. Sa mère, elle, subit les excès de son mari et calme ses nerfs avec du Pinault noir. L’alcool apaise ses angoisses. Son frère boit en se rasant, sa Kro sur le lavabo et pour draguer les filles, c’est plus facile. Sa sœur tient un bistrot, elle met des pièces dans le Flipper pour les enfants, refuse de servir un dernier verre aux ivrognes. Elle à ses mauvais jours qu’elle soigne avec le Whisky de sa cave personnelle. Elles prennent des fous rires quand elles sont saoules. Seulement lorsqu’elles sont saoules.
Moi ? Je ne suis pas alcoolique, je suis une ivrogne qui ne tient pas l’alcool. Je bois pour danser, pour écrire. Je bois vite. Je bois trop. Je bois par habitude, je bois contre l’ennui, je bois pour atteindre le dernier verre, mais si je ne bois pas suis je encore moi ?
Anne de Boissy ne répond à aucune de ces questions et signe une belle performance qui s’apparente à un huis clos ou tout reste en suspend. Le duel qu’elle mène avec justesse justifie la sobriété de la mise en scène habillée de rouge. Le rouge qui tache, le rouge de la colère, le rouge de la honte dont la comédienne habite chacune des ses nuances.
Mathilde Corbet – Le 11 octobre 2015.
NTH8 / Les trois-huit : www.nth8.com