ICONOGRAPHIE
© Martin Wittfooth
LEGENDE
(1) : Sur la télévision, Pierre Bourdieu,
Raisons d’agir éditions, 1996
Nous y sommes et vous tenez entre les mains le premier numéro de l’incontournable. De quoi sera-t-il question dans nos pages ? À cette question simple nous pourrions répondre de manière très simple : « Il sera question de tout ce qui touche à l’aspect culturel et associatif de la vie dans le grand Lyon ».
Pour être plus précis, nous avons identifié quelques thématiques autour desquelles viendront se dessiner notre ligne éditoriale : La musique, le théâtre, la littérature, les arts, le design( s ) et le sport. Bien évidemment les frontières entre toutes ces disciplines sont fines, et comme nous ne sommes pas psychorigides, nous aborderons des thèmes parfois plus larges ou complément hors sujet. Car l’absence de règle sera aussi une règle. Une place importante sera laissée aux entretiens, l’idée principale étant de donner la parole et de la visibilité à des artistes et des structures culturelles qui en manquent cruellement ( de visibilité, mais pas de talent ou d’intérêt ).
La pluralité des sujets que nous abordons s’inscrivent dans un désir d’ouverture, dans une volonté affirmée de démontrer que tout est à la fois de l’ordre de la culture, que le mélange des genres est une valeur ajoutée. Au diable les clichés, les a priori, les chapelles et les freins. On peut apprécier la musique classique et le noisy-rock, on peut pratiquer la boxe française et se passionner de littérature ou de danse. Platon n’était-il pas mathématicien, philosophe et pugiliste ?
Nous ne suivrons pas la meute. Jamais. Nous avons fuis Panurge, sa quiétude et sa misérable facilité. Cet enfer paradisiaque où l’effort est honni. Car oui, nous le savons tous, il est facile et tentant de suivre. En « laboratoires », nous irons chercher ceux dont on parle le moins et dont les activités méritent pourtant lumière. Nous irons les chercher pour que vous puissiez les découvrir. Point besoin de dénicher qui ou quoi que ce soit, nous ne sommes pas si prétentieux. Tous ces artistes, activistes, acteurs de la vie culturelle sont malheureusement cachés à pleine vue.
Finalement, c’est cela notre mission. Une double mission dont les buts convergent. Une vis-à-vis de nos lecteurs et une autre vis-à-vis de ces laissés pour compte de la vie culturelle et artistique, ces victimes des médias. Nous parlons ici des gros medias et des moins gros qui ( par conditionnement ? ) singent les gros. Il faut garder à l’esprit que l’indifférence médiatique dont sont victime certains artistes et/ou structures est une forme de violence, incontestablement. Une violence de la vie médiatique quotidienne. Une violence à laquelle il convient de se soumettre en souriant, parfois en quémandant jusqu’à se corrompre. Pierre Bourdieu écrivait en 1996 à propos de la violence symbolique du système médiatique : « Cette violence invisible tacitement admise par ceux qui la subissent et souvent par ceux qui l’exercent. » (1). Dans ce déferlement de violence on serait en droit de se demander jusqu’où vont les dommages collatéraux. Nous nous attarderons sur le sujet une autre fois.
Dans nos pages vous trouverez également des nouvelles littéraires et de la bédé. Toujours avec ce même désir de proposer de la visibilité à de véritables talents en créant un espace d’expression comme il en existe pour les musiciens et les comédiens avec les multitudes de scènes ouvertes proposées à travers la ville. L’incontournable sera la scène ouverte incontournable des auteurs et dessinateurs. Lorsqu’on y réfléchit et que l’on se remémore des âges pas si préhistoriques, on se rappelle que la presse d’antan hébergeait régulièrement nouvelles et bédés. Finalement nous renouons simplement avec une vielle tradition.
Ce premier éditorial est aussi l’occasion de mettre les choses au clair afin d’éviter toute confusion. Nous savons tous qu’une relation durable se construit sur des bases saines. Comme nous ne souhaitons pas vous duper, autant afficher la couleur tout de suite : si vous cherchez le « cool », l’incontournable ne vous sera d’aucune utilité. On pourra seulement vous conseiller de regarder à terre, dans le caniveau, là ou les versions précédentes de la tendance et de la branchitude se retrouvent… avec les feuilles mortes. C’est tragique mais il est impossible d’échapper à son destin.
Voilà donc. Quelle aventure. Une épopée palpitante, pleine de rebondissements et qui nous l’espérons vous accompagnera, vous interpellera et vous donnera envie de rencontrer tout ces artistes, de visiter tout ces lieux, de vous enivrer de senteurs, de lumières, de couleurs, de notes et de mots. Nous remercions chaleureusement tous ceux qui de près ou de loin ont contribué à la création et l’élaboration de ce magazine. On saluera avec bienveillance ceux qui contre toute attente nous ont encouragés et soutenus. Et vous aussi amis lecteurs, nous vous remercions d’accorder un peu de votre temps à la lecture de ce magazine.
Par Philippe Deschemin
L’incontournable Magazine N°1
Janvier-Février 2013